En 2014, le SIAH a redonné au Petit Rosne son prestige d’antan. Malgré le faible espace disponible et la forte urbanisation du lieu, le cours d’eau a été renaturé et méandré pour lui redonner capacité à héberger la vie. Comble du luxe, il s’est vu doté d’une petite zone humide et de nombreux aménagements offrants au site une accessibilité totale. Plus d’un an après, il est temps de faire un premier bilan sur ce projet en grande partie expérimental.

Voilà plus d’un an que la rivière a été restaurée à Sarcelles. Le Petit Rosne qui pendant des décennies a été canalisé dans les entrailles de la ville est revenu à la lumière en 2014. Considéré comme un égout à ciel ouvert, ce cours d’eau avait tout simplement été supprimé de la surface pour circuler à l’intérieur d’une canalisation enterrée. Nombre de cours d’eau, en France, ont subi d’ailleurs le même sort face à d’évidents problèmes d’hygiène. Autre argument qui, à l’époque, militait pour artificialiser la rivière : le risque inondation. On considérait que bétonner la rivière augmentait la vitesse de l’eau et donc permettait à celle-ci de quitter rapidement le territoire et d’éviter ainsi les risques d’accumulation et de débordement.

Le futur a donné tort à cette théorie puisqu’au contraire cela n’a eu que pour effet d’accroître les conséquences des pluies d’orage comme ce fut le cas en 1992 où pendant 15 jours le centre de la ville fut englouti sous 1m50 d’eau. Le Petit Rosne, coincé dans sa gangue de béton, ne pouvait que déborder au moindre gonflement important de ses eaux. C’est ainsi qu’un matin, bon nombre de Sarcellois se sont réveillés les pieds dans l’eau, apprenant ainsi qu’une rivière oubliée était là, sous le sol de la ville.

Mais qu’on ne s’y trompe pas : redonner à la rivière son aspect d’antan n’est pas pour autant un retour à la gestion d’autrefois. Il s’agit au contraire de l’application de techniques issues de l’ingénierie écologique appliquées à un contexte hydraulique nécessitant par ailleurs la mise en œuvre de technologies permettant de suivre en temps réel les débits du cours d’eau, d’anticiper les événements pluvieux ou de modéliser telle ou telle situation critique. La mise en place des bassins de retenue de la plaine de Chauffour en 2003 dans la partie amont de Sarcelles illustre parfaitement cette complémentarité entre écologie et hydraulique. Trois grands bassins de retenue, équipés de sondes et de vannes motorisées permettent aujourd’hui de maîtriser en grande partie le débit du cours d’eau à l’aval, en respectant du mieux possible les impératifs écologiques.

Après plusieurs années d’étude et de collaboration avec la ville de Sarcelles, le SIAH a lancé le premier coup de pioche en mars 2014. Casser la dalle de béton,  extraire la canalisation où coulait la rivière, creuser le nouveau lit, aménager finement l’ensemble avec des empierrements et des matériaux particuliers, végétaliser les berges, ont été les étapes qui ont permis de rendre au Petit Rosne sa dignité. Quelques semaines à peine après la fin des travaux les premières grenouilles, libellules et canards étaient aperçus.

Mais gardons-nous de tout angélisme. En effet, ce tronçon de rivière renaturée, ne tiendra la durée que si les usages qui sont faits du site ne mettent pas en péril ses qualités écologiques. L’objectif d’une certaine biodiversité et d’une bonne santé du cours d’eau ne pourra être tenu qu’avec une prise de conscience générale de l’importance de préserver le Petit Rosne des pollutions. On trouve malheureusement de nombreux déchets sur le site : restes de pique-nique improvisé, emballages de fast-food, etc. laissés là sur les berges ou dans la rivière. Sans compter les détritus jetés à l’amont ou aux alentours que la rivière ou la pluie vont charrier jusque-là. C’est sur ce point que le projet est expérimental. En d’autres termes, cela revient à poser la question de la complémentarité de la ville et d’une rivière vivante. A ce jour, la question reste ouverte mais l’expérience continue et est, malgré tout, plutôt bien partie.

Il va de soi que dans ce type de projet, l’information et la pédagogie ont toute leur place. D’autres programmes du même type sont en préparation au sein du SIAH et il est crucial que la compréhension des principes et des objectifs en soit facilitée. C’est à ce titre que le SIAH a effectué, quelques jours après la fin des travaux, un panorama photographique du site. Pour ce faire, c’est le système d’imagerie initié par Google et employé dans le cadre de Street View qui a été utilisé. L’intérêt est que l’utilisateur peut évoluer depuis son ordinateur dans le site et suivre le cours d’eau avec une vision à 360°. Elaboré avec l’assistance de l’agence ACRV, le résultat est désormais accessible depuis le site web du SIAH. Les vues sont à mettre en comparaison avec celles que vous trouverez dans la galerie de clichés pris un an après et qui permettent de constater le développement de la flore et l’aspect général du site.

Capture du service Street View appliqué au projet de réouverture du Petit Rosne à Sarcelles