Il y a quelques jours, notre pays a été endeuillé par des inondations meurtrières. Le réchauffement climatique semble accentuer les phénomènes météorologiques qui provoquent de façon récurrente des catastrophes sur les territoires les plus fragilisés. Nombreux sont ceux qui s’interrogent sur la possibilité de tels phénomènes dans leur commune. Et pour cause : l’Est du Val d’Oise a subit, lui aussi, jusqu’à récemment, son lot d’inondations. Mais s’il est impossible de garantir un risque zéro face à des pluies diluviennes, les leçons du passé ont pourtant été tirées et toutes les solutions disponibles mises en place.
Inondation : le retour du bâton
Depuis les années 50, notre région s’est urbanisée de façon constante et très rapidement. Il a bien fallu construire et aménager pour que vive notre population grandissante. Mais cette nécessité s’est réalisée avec une prise en compte naïve de la question de l’eau. Dans cet élan urbanistique, on a paré au plus pressé et au moins cher concernant ce point. On a cru à l’époque qu’il suffisait de canaliser les cours d’eau, c’est-à-dire les bétonner, pour que l’eau qu’il transporte s‘échappe vers l’aval, vite et sans débordement. Cette logique a été poussée à l’extrême puisque certains tronçons ont même été enterrés de façon à ne pas nuire aux activités humaines en surface. Et l’on a bétonné les lits majeurs, rendu imperméables les sites où les rivières débordaient naturellement. Des habitations, des zones d’activité, des parkings et zones commerciales ont été construits là où autrefois l’on savait ces lieux investis par l’eau des orages. Or l’eau qui n’est plus absorbée par les sols naturels ruisselle et s’accumule dans les rivières désormais à l’étroit dans leur lit de béton ou dans les égouts faute de mieux. Le décor est posé, il ne reste plus qu’une intempérie un peu plus forte que d’habitude pour que la catastrophe survienne.
Les solutions ? Réparer les erreurs du passé
Les grandes inondations de 1992 dans l’Est du Val d’Oise ont été le point de départ de la mise en place des premiers dispositifs visant à réduire le risque. La première action a été d’aménager des sites capables de retenir les eaux excédentaires qui menacent les zones habitées : les bassins de retenue. Des vannes hydrauliques, réglées de façon à ce que la rivière garde un débit normal, force le cours d’eau à déborder dans ces bassins plutôt qu’ailleurs dès que le niveau de l’eau augmente. Aujourd’hui plus de 30 bassins offrent une capacité de rétention cumulée de 1.600.000 mètres-cube. Le SIAH continue d’augmenter cette capacité au fil des ans.
Un service d’astreinte a été mis en place pour veiller 24h/24h au risque d’inondations. Les masses nuageuses sont surveillées pour anticiper les pluies éventuelles et un système de télégestion permet de suivre en direct le débit des cours d’eau et d’agir sur l’ouverture des vannes afin de gérer au mieux les masses d’eau.
Autre solution, qui s’inscrit sur un plus long terme, la renaturation des rivières. Le SIAH casse le béton, redonne au cours d’eau un lit évasé et des berges perméables, recrée des sinuosités et laisse la végétation jouer son rôle. Mais c’est un travail de longue haleine, couteux et qui bien souvent réveille les vieux démons d’une urbanisation porteuse de cette bétonisation tout azimut. Il s’agit bien d’une lutte, non pas contre les éléments mais contre la conception d’une ville sans nature. Car c’est sans doute cette même nature qui est porteuse des solutions les plus raisonnables à tout point de vue.